mardi 28 octobre 2008

Vero Profumo Onda : A Story of Mud, Honey and Flesh


“The original idea was to create a leathery Vetiver surrounded by flowery and chypre notes and I had a fantasy like this going with:
Isabella Rossellini as mystery Dorothy Vallens, wearing this beautiful blue velvet gown, and Johnny Depp as Ed Wood wearing Glenda’s {from the character "Glen or Glenda" film by Ed Wood}sexy glamorous white-haired wig, dancing together a very slow Tango Argentino at Manhattan Roseland Ballroom.”

Vero Kern interviewed by Helg on The Perfume Shrine, July 30, 2007

I must’ve been one of Onda’s early adopters. I discovered Vero Kern through Helg’s interview -- Helg was, I think, the first to introduce the new, über-niche Swiss house of Vero Profumo to the blogosphere. One of Vero’s scents was called Kiki, as a tribute to Kiki de Montparnasse, Man Ray’s muse and lover. It was my beloved cat’s name. I wrote Vero to ask for a sample. She generously offered me samples of all three of her scents, and after exchanging several e-mails and meeting in Paris, she gave me her friendship.

Which makes it all the more difficult to write a review of Onda: not only was it authored by a friend (though I loved it before I came to know Vero better), but it’s also been reviewed in such poetic terms by so many excellent bloggers that one would wonder what’s left to say. While Helg talks of “pre-lapsarian carnality”, Marina of Perfume-Smellin’ Things calls it “a comforting scent, an urban person's vision of bucolic utopia.” For Christopher of Vetivresse, it spans from “a conjured place of ritual, high-altitude sacrifice” to “rowdy, sweat-and-mud-caked high school locker room post-game rubdown”. But my favorite image is probably Tom’s, again on Perfume-Smellin’ Things: “It's Garbo joyfully tearing a root from the ground with her manicured fingers, brushing the dirt and laughing, biting in heedless of the juice that may stain her Adrian gown.” What’s not to love? Garbo laughs.

What more can I say? Vero Kern’s perfumes have soul, and like souls, they’re full of sublime beauty and dirty secrets.

Onda is about earth, flowers and flesh smeared in spicy honey. The honey and musk wrap the earthy notes of iris, patchouli, oakmoss and vetiver Bourbon in a human funk that makes you feel you’ve sunk your nose in the lustily worn and discarded garments of your lover – there is more than a hint of the petite culotte in there… Ginger and sandalwood heat up the mix, basil gives it an almost minty radiance.

But the weird thing is, in the midst of this sticky, thick rush, cutting the density, a green floral note soars upwards hours into wearing Onda, and you are suddenly reminded of Diorissimo. So much so that you sniff around you to find out who could be wearing it, and it might be the old lady sitting next to you in the bus (after all, you’re riding smack past the house of Dior on the avenue Montaigne), but no, the muguet follows you home.

Onda's secret is that single note of spring-like purity soaring out of the leathery brew -- a secret it shares with old-time fragrances: they almost always hide in their formulas a dollop of hydroxycitronellal, one of the oldest floral synthetics in the book, to open up the composition (see my post on the Great White Green Bubble).

There's an unrelenting density to Onda that brings to mind vintage perfumery (Visa, Tabu, Shocking). Yet its syntax is different, deeply idiosyncratic. Somehow, the base is pushed to the top and Onda's evolution upends the classic pyramid: whatever's delicate in it hovers in the drydown. The phenolic honey -- push its concentration up a notch and it would smell like piss -- subsumes into its floral notes, and the ambery musk takes on the sweetly salty tinge of cat pads.

Like all of Vero's compositions, Onda is only available in extrait. While I find it deeply compelling, because of its intensity, concentration and peculiarity, it is not, to me, an everyday scent -- much like my prized vintages: it requires too much attention to be worn in a casual way, though it is oddly comforting.

But sometimes, when I open up my fragrance drawer, it calls me. When I does, I surrender to its earthy, sexual delights.


Image: Ana Mendieta, Tree Life, 1976

Onda de Vero Profumo : le miel, la boue, la chair


« Au départ, l’idée était de créer un vétiver cuiré entouré de notes florales et chyprées et mon fantasme ressemblait à celui-ci : Isabella Rossellini dans le rôle de la mystérieuse Dorothy Valens, portant une magnifique robe en velours bleu, et Johnny Depp dans le rôle d’Ed Wood portant la perruque blond platine sexy et glamour de Glenda, dansant tous les deux un tango argentin très lent dans la Roseland Ballroom de Manhattan. »

Vero Kern interviewée par Helg dans The Perfume Shrine

J’ai sans doute fait partie des premières personnes à adopter Onda. J’ai découvert Vero Kern grâce à l’interview citée ci-dessus – Helg a été, me semble-t-il, celle qui a dévoilé l’existence de la petite marque de niche suisse Vero Profumo à la blogosphère. L’un des parfums de Vero s’appelle Kiki, en hommage à Kiki de Montparnasse, la muse et maîtresse de Man Ray : c’était le nom de ma Siamoise adorée. J’ai écrit à Vero pour lui demander un échantillon. Elle m’en a généreusement offert de ses trois parfums puis, après plusieurs échanges d’e-mails et une rencontre à Paris, elle m’a donné son amitié.

Il m’est donc d’autant plus difficile d’écrire au sujet d’Onda : non seulement est-ce le parfum d’une amie (mais je l’ai aimé avant d’avoir appris à mieux connaître Vero), mais il a suscité une prose extrêmement poétique dans les blogs, à laquelle je me demande comment je pourrais ajouter. Helg parle de son côté charnel d’avant le péché originel ; pour Marina de Perfume-Smellin’ Things, c’est l’utopie bucolique d’un habitant des villes. Christopher de Vetivresse évoque à la fois un lieu de sacrifice de haute altitude et un vestiaire de lycée après un match dans la boue. Pour Jeanne d’auparfum, ce sont « ces après-midi passés quand j’étais enfant à explorer les vieilles armoires poussiéreuses de ma grand-mère, et ses tiroirs remplis d’objets antiques, maquillages et bijoux d’un autre temps, à jouer par terre à même le parquet fraîchement ciré »… Mais ma métaphore préférée est sans doute celle de Tom, à nouveau sur Perfume-Smellin’ Things : « C’est Garbo, arrachant gaiment une racine de ses doigts manucurés, essuyant la terre en riant, et la mordant sans prendre garde au jus qui pourrait tacher sa robe du soir d’Adrian. » Garbo rit : on ne peut pas ne pas aimer.

Qu’ajouter à tout cela ? Les parfums de Vero Kern ont une âme, et comme toutes les âmes, ils recèlent des beautés sublimes et des secrets troublants.

Onda est une histoire de terre, de fleurs et de chair barbouillée de miel épicé. Le miel et le musc enveloppent les notes terreuses de l’iris, du patchouli, de la mousse de chêne et du vétiver Bourbon de relents humains qui donnent l’impression d’avoir fourré son nez dans les vêtements portés et rejetés par l’être aimé – il y a plus qu’un soupçon de petite culotte dans ses accords. Le gingembre et le santal réchauffent le mélange, le basilic le rafraîchit d’une bouffée presque menthée.

Mais le plus étrange est qu’au bout de plusieurs heures, une note verte et florale fuse de cette bouffée d’odeurs touffues pour en couper la densité : elle rappelle brusquement Diorissimo. À tel point que vous humez autour de vous pour trouver qui le porte – est-ce cette vieille dame assise à vos côtés dans le bus (après tout, vous passez justement devant la boutique Dior de l’avenue Montaigne) ? Mais non, le muguet vous suit jusqu’à la maison.

Cette note solitaire de pureté printanière qui surgit du brouet cuiré est le secret d’Onda – un secret qu’il partage avec les parfums d’antan, qui recèlent presque tous dans leurs formules une touche d’hydroxycitronellal, l’un des plus anciens matériaux synthétiques floraux de la parfumerie. Il permet d’ouvrir la composition (voir mon post sur la Grande Bulle Blanche et Verte).

Onda est d’une densité implacable, qu’il partage avec certains parfums vintage (on songe à Visa, Tabu ou Shocking). Et pourtant, sa syntaxe est différente, profondément idiosyncrasique. Curieusement, ses notes de fond sont poussées vers le haut, et l’évolution d’Onda renverse la pyramide classique : ses notes les plus délicates s’envolent sur la fin. Le miel phénolique – augmentez un peu sa concentration, et il sentirait la pisse – livre ses notes florales, et le musc ambré prend la fine odeur salée qui émane des coussinets d’un chat.

Comme toutes les compositions de Vero, Onda n’est disponible qu’en extrait. Bien que je le trouve profondément fascinant, à cause de son intensité, de sa concentration et de son étrangeté, je trouve qu’il exige trop d’attention – un peu comme mes parfums vintage – pour être porté sur un mode désinvolte. Mais parfois, lorsque j’ouvre mon tiroir à parfums, il m’appelle. Lorsqu’il le fait, je consens, et je m’enfouis dans ses délices érotiques de sous-bois.

Image: Mud Reclining de Melanie Shiff (Saatchi Gallery).